Titre : Le patron atone et le phénomène de la désaccentuation en japonais moderne
Direction : Pr. Laurence Labrune (Université Bordeaux Montaigne, CLLE Montaigne (UMR 5263))
Domaine : Linguistique
Membres du jury :
Gabriel Bergounioux, Professeur émérite, Université d'Orléans (rapporteur)
Yayoi Nakamura-Delloye, Maître de conférences HDR, Institut national des langues et civilisations orientales (présidente et rapporteure)
Takeki Kamiyama, Maître de conférences, Université Paris 8 (examinateur)
Cédric Patin, Maître de conférences, Université de Lille (examinateur)
Résumé :
La thèse « Le patron atone et le phénomène de la désaccentuation en japonais moderne » aborde un sujet
qui soulève des questions fondamentales pour la phonologie accentuelle du japonais (de Tōkyō moderne)
ainsi que pour la théorie phonologique générale. Il s'agit de l'existence de mots atones (inaccentués) et de
la désaccentuation (changement du patron accentuel en vertu duquel une forme tonique devient atone),
deux phénomènes typologiquement rares suscitant également des interrogations théoriques plus générales.
L'objectif de notre recherche est d'examiner les facteurs morphophonologiques qui favorisent ou entravent
la désaccentuation. La méthodologie consiste à étudier les caractéristiques communes des noms ayant subi
une désaccentuation entre deux éditions d'un dictionnaire de prononciation et d'accent (1998 et 2016,
édition de la NHK) en prenant en compte cinq paramètres : la longueur des noms, la position originelle du
noyau accentuel, la structure morique, la structure morphologique et la fréquence. Un des résultats les plus
importants concerne les deux premiers paramètres. Ce résultat amène à classer les noms japonais en trois
catégories de taille (petite, moyenne et grande) et à diviser les patrons accentuels en deux natures (fort et
faible) en fonction de leur réceptibilité à la désaccentuation. L'importance que nous accordons à cette
catégorisation doit être comprise à la lumière de l'influence de ces facteurs sur le processus de
désaccentuation, indépendamment d'un facteur non négligeable et connu comme ayant une influence
importante sur la désaccentuation, à savoir la strate lexicale. En effet, les trois strates lexicales ont des
caractéristiques morphophonologiques très différentes, mais la taille de mots et les patrons forts jouent un
rôle similaire dans la désaccentuation quelle que soit la strate. Cette thèse propose également une analyse
tonale de la désaccentuation dans le cadre de la phonologie autosegmentale (Goldsmith 1976). Nous partons
de l'hypothèse selon laquelle la désaccentuation du japonais peut s'analyser comme mettant en jeu deux
assimilations tonales (horizontale et verticale), processus considérés comme naturels et basiques et
fréquemment observés dans des langues à tons (Hyman 1975 ; Hyman & Schuh 1974). Cette approche
purement tonale permet non seulement de saisir le mécanisme de la désaccentuation de manière simple et
élégante, mais aussi de fournir des explications cohérentes avec les principaux résultats de notre étude : la
sensibilité à la désaccentuation de la taille moyenne (3µ et 4µ) et celle des patrons faibles (final et
pénultième) ainsi que la résistance à la désaccentuation des autres tailles (petites : 1µ et 2µ, grandes : 5µ ou
plus) et celle des patrons forts (antépénultième et initial).